Mon sblog est de retour !
Nos regards se sont croisés, ce 10 septembre. Avec tes collègues, tu chargeais et gazais le cortège pacifique où je me trouvais. Réfugié dans un hall d’immeuble, je t’ai vue. Puisse ces mots tendre d’anar’ aller jusqu’à ton cœur, et vaincre ce pouvoir qui t’emploie. Comme au Népal. « Nous irons sur la route avec les anarchistes. Et nous vaincrons d'amour la vie qu'on désaima » (Apollinaire).
L’Association pour l’écologie du livre a sollicité le dessinateur de bédé David Snug, pour représenter la concentration à l’œuvre dans le secteur de l’édition.
Avec son humour grinçant et son talent unique pour peupler ses dessins de mille détails, David Snug met en scène, dans une affiche grand format, les disparités entre les principaux groupes d’édition et les indépendants, à la manière d’un « cherche et trouve » géant destiné aux professionnel·les du livre mais aussi au grand public.
Par son trait graphique puissant, cette affiche a vocation à trouver sa place dans tous les lieux du livre afin d’interpeler les lecteurices sur la concentration inédite du secteur du livre.
En vente en librairie indépendante (à partir du 17 octobre 2025) à l’unité au prix de 4 euros.
Vous pouvez la télécharger ici : cherche-et-trouve-edition-francaise_web.pdf pour un usage gratuit et non commercialisable.
Le cherche et trouve de l’édition (surtout) française © 2025 by David Snug is licensed under CC BY-NC-ND 4.0
Je vous partage cet article, originellement du Monde sous paywall
(lien en haut)
« C’est un spectacle de désolation, je n’arrive pas à m’y faire » : ces vies englouties par le chantier de l’autoroute A69
Entre Castres et Toulouse, les vies englouties de l’A69 : habitants évacués, maisons rasées, terres arrachées…
Malgré la mobilisation et les recours judiciaires, le chantier engagé en 2023 avance. Sur le tracé de la future autoroute de 53 kilomètres entre Verfeil et Castres, la vie des habitants est à jamais bouleversée. De nombreuses familles ont déjà déménagé. Et pour celles qui restent, il faut apprendre à cohabiter avec ce nouveau voisin bien encombrant.
C’était une belle maison. Dissimulée derrière une rangée d’arbres, 350 mètres carrés sur deux niveaux, pas un voisin à l’horizon. Certes, la façade donnait quasiment sur la nationale 126, mais la vie se déroulait à l’abri de la route, de l’autre côté, du côté de l’immense véranda, du jardin de 9 000 mètres carrés et de la vue sur le clocher de Bourg-Saint-Bernard, au loin, sur les hauteurs. Jean-Noël Gilabert et sa compagne sont arrivés en 2003 à La Bordé du Pin, lieu-dit situé à Montcabrier, à mi-chemin entre Castres et Toulouse. « C’était une zone paradisiaque, se souvient-il, la belle campagne, la petite vallée. Les lobbys l’ont anéantie. »
Un matin de 2020, la belle maison avec jardin est devenue une belle maison avec autoroute dans le jardin. Un courrier est arrivé à la mairie de Montcabrier où il était adjoint, et Jean-Noël Gilabert a découvert que la future A69 entre Verfeil, près de Toulouse, et Castres allait passer là, à 25 mètres de sa véranda, d’où il ne verrait plus le clocher puisqu’un mur antibruit de 5 mètres de haut serait érigé.
« Je suis passé par toutes les phases du deuil. » La colère, le déni, la prise de conscience, puis le combat, pour négocier l’expropriation avec Atosca, concessionnaire de l’autoroute controversée, et déménager à 30 kilomètres de là. « C’est un arrachement, vous comprenez bien. Vous mettez un coup de gomme sur vingt ans de votre vie, parce que des gens l’ont décidé. »
En partant, cet artiste âgé de 75 ans a repensé aux premiers pas de son fils Florentin, né dans cette maison, aux sculptures façonnées dans l’atelier, aux amis de passage, aux moments heureux. « Beaucoup d’amour, beaucoup de vie. » Les 350 mètres carrés sont vides. Le jardin s’est transformé en jungle, les herbes folles envahissent la véranda, le vieux panier de basket de Florentin gît au sol. La belle maison est désormais une épave.
Ruban de sable et de cailloux
Elles sont encore quelques poignées, de part et d’autre de l’ébauche de l’A69. Tous les 2 ou 3 kilomètres, le long de la vallée verdoyante et de la mosaïque de champs que dominent les villages perchés sur les coteaux, apparaît une épave échouée au bord de ce qui n’est encore qu’un interminable ruban de sable et de cailloux. Des bicoques, de jolies demeures, des fermes, parfois un hameau à l’abandon. Portes condamnées, fenêtres murées, piscines à sec.
Les feuilles mortes s’amoncellent, les cadavres de bouteilles aussi, les lieux ont parfois été vandalisés, les façades taguées, les vitres brisées, l’intérieur squatté. Des maisons-fantômes dans un paysage de carte postale : le contraste est saisissant, presque irréel, mélancolique à souhait.
Le chantier de cette autoroute vouée à supplanter la vieille nationale 126 et censée désenclaver le sud du Tarn a débuté en 2023. La contestation est vive, manifestations houleuses et recours judiciaires se sont multipliés. La justice avait suspendu les travaux en février, elle a autorisé provisoirement leur reprise en mai, une décision définitive est attendue en novembre, et les partisans du projet espèrent désormais une mise en service fin 2026.
Sur l’ensemble du parcours, l’ouvrage est sorti de terre et on a évacué les habitants comme on le ferait dans une vallée sur le point d’être inondée par un lac artificiel. Ce sera du bitume, mais le résultat est le même : l’A69 engloutit peu à peu la vallée du Girou et tant d’histoires avec.
« Il y a des représailles »
Engloutie, la maison familiale de Colette Arnaud, au lieu-dit La Boulbène, à Teulat. Deux planches clouées barrent la porte d’entrée. La bâtisse se trouvait à 80 mètres de la nationale, l’A69 est venue se glisser dans cet espace. « Il a fallu que j’aille ailleurs, je ne voulais pas garder cette maison au bord de l’autoroute, dit Colette Arnaud. Cinq générations se sont succédé ici, je suis née à La Boulbène, c’est un crève-cœur, mais que voulez-vous. » Le lieu sert désormais de parking aux ouvriers de NGE, l’entreprise qui construit l’autoroute.
Engloutie, « la ferme du bonheur » de Rémi Niel, au lieu-dit La Crémade, à Saïx. Cet agriculteur octogénaire ne veut plus s’exprimer publiquement : « Il y a des représailles contre ceux qui sont contre l’autoroute. » Mais, dans une vidéo publiée en avril par Le Parisien, on le voit déambuler au milieu des vestiges de son imposant corps de ferme happé par le chantier.
« Ça fait mal, dit le vieil homme. Mon père doit se retourner dans sa tombe. » Il avait acheté le lieu en 1952. Soixante-dix ans plus tard, on a donné à Rémi Niel et à son épouse quelques mois pour partir, c’était en février 2022. « Au mois de mars suivant, on devait fêter nos 50 ans de mariage. On n’a rien fait. »
Au téléphone, Jean-Noël Gilabert enrage. « Dans cette histoire, l’aspect humain a été complètement délaissé. » Le sort des grenouilles rieuses, des tritons palmés et des platanes centenaires a davantage ému que celui des habitants « sacrifiés », c’est son mot, au nom de l’autoroute. Quelque 820 procédures d’expropriation – totale (une propriété entière) ou partielle (un bout de terrain) – ont été menées pour les besoins du chantier. C’est la règle du jeu de ces infrastructures géantes, il fallait bien que ça tombe sur quelqu’un. Pas de chance, c’est tombé sur eux.
« Et mon trampoline ? »
C’est tombé sur Alexandra Dupont. La maison qu’elle louait, à Verfeil, n’est pas devenue une épave, mais un trou. Elle se trouvait au kilomètre 0 de l’A69, elle a été rasée. Alexandra, 45 ans, est la dernière résistante à avoir été délogée, après onze ans passés là et plusieurs mois d’un éprouvant bras de fer avec Atosca, qui a failli mal tourner : une nuit, de mystérieux individus ont mis le feu aux arbres entourant sa maison transformée en ZAD.
Elle habite désormais à 60 kilomètres de là – « Ils ont bousillé ma vie, je ne pouvais pas rester à côté de la maison » – et sanglote beaucoup au bout du fil. « Je demandais juste qu’on me reloge correctement pour pouvoir me reconstruire et on m’a foutue dans un HLM où je ne peux pas me projeter. » Adieu la maison de 360 mètres carrés entourée d’arbres, direction un appartement de 70 mètres carrés « refait à neuf qui a moisi direct ».
Alexandra a pu sauver ses chiens et ses chats, mais a dû se séparer du bouc et de la trentaine de poules qui faisaient le bonheur de son fils de 4 ans. « On ramassait les œufs tous les jours, on passait des heures dans le jardin. Il me demande encore : “Et mon trampoline ? Et ma cage à écureuils ? Et mon vélo ?” »
Tout ne rentrait pas dans l’appartement, alors il a fallu louer un box et, ce qui n’entrait pas dans le box, il a fallu le laisser dans la maison. « J’ai laissé la moitié de mes trucs là-bas, des jouets de mon gosse. Ils les ont enterrés une heure après notre départ avec les tractopelles. Voilà, on balaie une vie comme ça. » Un morceau de brouette en plastique vert et bleu repose encore près du cratère où se trouvait la maison.
« Elle est là, à 50 mètres »
Comme celle d’Alexandra, il a fallu raser une quarantaine de propriétés, au fil des 53 kilomètres du tracé, pour que l’autoroute puisse passer. De celle où Jérôme Peron, 90 ans, a vécu entre 1971 et 2024 à Saint-Germain-des-Prés (Tarn), il ne reste que l’établi et les clapiers à lapins. « Chaque hiver, on tuait le cochon avec les villageois. Et le garage servait de distillerie clandestine », se remémore Philippe, son fils, qui habite, lui, dans une zone séparée du reste du village par l’autoroute.
Il revoit encore son père en larmes le jour où le chantier s’est attaqué aux arbres qu’il avait plantés. Voilà Jérôme Peron parti à 15 kilomètres, à Revel. Il n’aime pas trop. « Ça fend le cœur, dit son fils. J’aurais préféré que l’autoroute passe sur ma propre maison. »
Pour les voisins immédiats de l’autoroute, c’était la peste ou le choléra : il y a ceux qui ont été contraints de partir et ceux qui n’ont eu d’autre choix que de rester, avec l’autoroute sous leurs fenêtres. Par endroits, ses concepteurs semblent l’avoir fait entrer au chausse-pied pour éviter d’empiéter chez les gens et d’avoir à les indemniser.
Les habitants se retrouvent alors dans la pire configuration. Tout juste hors de l’emprise de l’autoroute, donc non éligibles à l’expropriation, trop proches pour que la vie ne devienne pas infernale. Voilà les grands perdants de cette affaire. Ils vont devenir ces propriétaires que l’on plaint quand, à 130 à l’heure, on passe au ras de ce qui devait être une maison agréable à vivre, avant.
« Elle est là, à 50 mètres », pointe, dépité, André Thomas du seuil de sa maison, à Maurens-Scopont. Ici, les voies seront surélevées pour enjamber un ru. « On va voir passer des voitures dans le ciel. C’est bien. » Cet architecte retraité de 75 ans n’a pas oublié « le bruit métallique des premiers coups de pelle », ni le traumatisme de l’abattage des arbres. « Un engin avec une pince attrapait le tronc, une scie coupait et la pince déplaçait l’arbre comme si c’était une fleur. »
La négociation pour une expropriation totale a échoué. « On reste ici, on n’a pas beaucoup le choix. Si Atosca nous rachète le terrain à 47 euros le mètre carré alors qu’on doit le payer 100 ailleurs… » André soupire. « C’était la dernière vallée à peu près tranquille autour de Toulouse. » Il soupire encore. « Perdue, la vallée. »
Un mastodonte de béton
Jean-Marc Buitrago, 35 ans, aurait préféré partir lui aussi. Le jardin de la maison qu’il a achetée à Saïx il y a dix ans est un fatras broussailleux de vieilles voitures, de jeux d’enfants, d’objets divers. « Maintenant, je laisse un peu tout à l’abandon, vous voyez, parce que je m’en fous. Je ne me suis plus occupé de rien, je pensais qu’ils allaient raser ma maison. » Pas d’expropriation totale pour lui non plus finalement, la négociation ne s’est pas déroulée comme prévu. « Un type en costard est arrivé, il m’a dit : “Vous pouvez prendre un avocat, mais ça va durer des années pour rien.” »
Autrefois, des haies de sapins le préservaient de la nationale. La vue, désormais, est cauchemardesque : au premier plan, la balançoire et le toboggan des enfants et, au second, juste derrière le mince grillage, à 10 mètres à peine, un mastodonte de béton, le pont qui permettra à la nationale de franchir l’autoroute. Jean-Marc Buitrago se retrouve coincé entre les deux, pris en étau, pris au piège. Il est l’une des principales victimes du chantier.
Salarié d’un restaurant dans la commune voisine, il projetait d’en ouvrir un sur son terrain. « On avait tout commandé, les dalles de la terrasse et la palissade étaient installées, on allait ouvrir. » L’A69 en a décidé autrement. Il n’a pas eu la force de tout démonter, alors il reste un début de terrasse en jachère.
Quand ils se sont installés, Jean-Marc Buitrago, André Thomas et tous les autres étaient au courant de l’existence d’un projet d’autoroute, serpent de mer remontant aux années 1980, 1970, 1960, plus personne ne sait vraiment. A force d’en entendre parler, puis plus, puis oui, puis non, tous avaient fini par penser qu’elle ne se ferait jamais ou par se convaincre qu’elle ne passerait de toute façon pas chez eux. La lointaine épée de Damoclès a fini par leur tomber dessus.
« On était peinards »
A deux endroits, le tracé de l’A69 s’écarte de celui de la nationale et s’aventure dans des zones reculées, où certains avaient trouvé leur petit paradis isolé. Au bout d’un cul-de-sac à peine carrossable, perdu sur les hauteurs de Cuq-Toulza, Luc Tran-Van, architecte toulousain, coule une retraite loin de la civilisation. « On est seul au monde ici. » Il corrige : « On était seul au monde. » Pour contourner Cuq-Toulza, l’A69 éventre la colline sur laquelle il était venu se percher. « La société urbaine nous rejoint. C’est sûr que ça enlève un peu du côté champêtre. »
« On était peinards », regrettent aussi Joseph et Catherine Manero, 84 et 76 ans, installés dans une autre espèce de bout du monde, le hameau En Alary, à Saïx. « Elle est là et elle nous emmerde », dit Joseph en montrant la tranchée qui délimite désormais leur propriété. Quand ils sont arrivés, en 1976, c’était une ferme délabrée. « Le salon, c’était l’étable. On a pris la suite des vaches. » Ils ont tout retapé. Cinq enfants sont nés là.
Joseph s’énerve : « Des maisons saccagées de cette façon, ça fait mal au cœur, parce qu’on a trimé. On n’est pas tous nés avec une cuillère en argent dans la bouche. Nous, on se l’est faite, la maison. » L’histoire touche à sa fin : « Nos enfants ont tous la leur, ils ne veulent pas la reprendre. Et personne ne va racheter ici. »
Une centrale à bitume
Ces logements de bord d’autoroute ont perdu toute valeur marchande. « C’est invendable, déplorent Mimouna Cipriani et Pascal Tosa. Notre maison avait été estimée à 300 000 euros. Un ami qui bosse dans l’immobilier nous a dit : “A 150 000, je ne la propose pas à la vente”. » Ces deux quinquagénaires habitent Villeneuve-lès-Lavaur, au lieu-dit En Baccarès, englouti, littéralement, à cause de l’autoroute le 19 mai, un jour de déluge.
« Avant, il y avait 6 hectares de champ de l’autre côté du ruisseau, l’eau s’écoulait normalement quand il pleuvait », explique Mimouna Cipriani. Le champ a été colonisé par Atosca pour y installer une centrale à bitume. Résultat : la terre est devenue compacte et n’absorbe plus autant, alors, ce 19 mai, l’eau a coulé jusqu’au ruisseau, qui a débordé chez Mimouna et Pascal. La piscine et la fosse septique sont foutues. Les murs de la cuisine portent encore les traces boueuses de la crue.
Evidemment, ces légers dommages collatéraux ne pèsent rien face à la déclaration d’utilité publique dont est auréolée l’A69 depuis 2018. D’ailleurs, Mimouna et Pascal ne sont pas contre l’autoroute en soi, mais ils sont outrés par les méthodes d’Atosca. Elle n’a pas oublié l’évacuation des cinq maisons d’en face, rasées depuis : « On aurait dit que c’était la guerre et que les gens devaient partir avec un fusil sur la tempe, il y avait des affaires qui volaient dans tous les sens, des photos de famille par terre… » « La grande majorité des acquisitions foncières a été réalisée à l’amiable », assure pourtant Atosca, qui n’a pas souhaité en dire plus.
Le lien social abîmé
Il y a les expropriations et puis il y a tout ce qui ne s’indemnise pas. Comme la campagne défigurée. Les habitudes perturbées : l’arrêt d’autocar déplacé de 500 mètres ; le détour pour rentrer chez soi ; le camion-poubelle qui ne peut plus passer, alors il faut monter ses poubelles au village en voiture. Ça n’est pas grand-chose. Mais, quand c’est votre quotidien, ça n’est pas rien. Il y a le cadre de vie dégradé : à Saïx, les enfants de la crèche L’Arc-en-Ciel apprendront à marcher à trois pas de l’A69 qui passera juste là, derrière les thuyas de la cour de récréation.
Il y a le lien social abîmé aussi. A Montcabrier, le terrain de football a disparu sous l’autoroute, il n’en subsiste qu’un but aux poteaux rouillés et aux filets troués, envahi par les chardons, dernier vestige du FC Montcabrier. Ce terrain était célèbre pour sa pente : 1,80 mètre de dénivelé entre le poteau de corner en bas à gauche et celui en haut à droite. La tactique des locaux consistait à commencer le match en montée pour jouer en descente après la mi-temps, quand la fatigue se faisait sentir.
Le club, fondé en 1972, a joué plusieurs finales de Coupe du Tarn (toutes perdues), mais il était surtout un lieu de rendez-vous, le cœur de la sociabilité de la commune. « Dans un petit village comme le nôtre, loin de tout, on avait vraiment une activité sociale, raconte Olivier Pech, dernier président du club. Ça ramenait du monde, ça brassait différentes catégories de population, différentes générations, on organisait des sorties, des repas, etc. » Le banquet d’après-match, « un peu à la Astérix », était aussi important que le match lui-même.
Le maire de Montcabrier, pourtant ancien joueur et président du club, n’a pas souhaité réinvestir les 500 000 euros de l’expropriation dans un nouveau terrain. Les pelleteuses sont entrées sur la pelouse en juin 2024. Le FC Montcabrier avait 52 ans. C’est fini. « Les plaies se referment plus ou moins. Le vendredi soir, quand je rentre chez moi au lieu de rejoindre l’équipe, ça reste un peu dur », souffle Olivier Pech, fâché à mort, depuis, avec le maire de Montcabrier qu’il accuse de trahison (ce dernier ne nous a pas répondu).
« Il n’y a plus que des chaînes »
L’autoroute a semé la zizanie sur son passage. Alexandra Dupont, à Verfeil, s’est séparée du père de son fils, qui lui reprochait de s’accrocher au-delà du raisonnable à leur maison. A Saint-Germain-des-Prés, Philippe Peron et son père se sont brouillés, la recherche d’un nouveau logement après l’expropriation a généré trop de tensions. « Connecter les territoires pour relier les hommes », promet le slogan choisi par Atosca.
L’autoroute promet aussi des lendemains économiques qui chantent, pour le sud du Tarn grâce à un temps de trajet réduit vers Toulouse. Mais, à Maurens-Scopont, André Thomas a dû fermer l’entreprise JAM, fondée en 1880, qu’il avait rachetée en 2004. JAM rénovait les églises et les châteaux du coin, et comptait une quinzaine d’employés. « On formait des compagnons du tour de France, des ouvriers hautement qualifiés », dit l’architecte retraité. Vu la situation, son fils n’a pas voulu reprendre. Il n’a pas essayé de revendre. « Tout ça, c’est perdu. Cette autoroute doit créer des emplois, mais, ici, elle en a détruit. »
A quelques kilomètres de là, à Cuq-Toulza, La Bombardière est en sursis. « On ne sait pas à quelle sauce on va être mangés, s’inquiète Adrien Lavergne, chef cuisinier de cet hôtel-restaurant de bord de nationale fondé par son grand-père en 1978, où tous les anciens des alentours sont venus fêter leur mariage. Pour l’heure, le chantier fait ses affaires : La Bombardière sert de cantine aux ouvriers de NGE, qui mangent leur bavette en uniforme orange fluo. Ont-ils conscience que l’autoroute qu’ils construisent menace l’existence du restaurant qui les nourrit ?
L’A69 doit capter 80 % du trafic de la N 126 et contournera Cuq-Toulza, alors les automobilistes qui s’arrêtaient à La Bombardière pour casser la croûte la casseront peut-être ailleurs. « C’est sûr qu’on va prendre une claque, anticipe Adrien Lavergne, fataliste. C’est peut-être une page qui se tourne, c’est notre histoire, c’est comme ça, qu’est-ce que tu veux faire ? Si on doit fermer, ça fait surtout chier pour les grands-parents. De l’hôtellerie-restauration sur cinquante ans et trois générations, il y en a très peu, je peux te dire. En bord de route, il n’y a plus que des chaînes. »
Une institution de bord de route a déjà fermé, en décembre 2023 : Le Cri de la fourchette, épave particulièrement marquante, coincée entre N 126 et A69 du côté de Puylaurens. Hervé Chapeau, le patron, n’a pas été exproprié malgré lui, au contraire : il commençait à saturer de la restauration, alors il a saisi l’occasion pour céder son bâtiment à Atosca. Les habitués, en revanche, regrettent ses pizzas au-dessus du lot et ses burgers au foie gras.
Une centaine d’exploitations touchées
Les agriculteurs paient un lourd tribut à l’autoroute, l’immense balafre jaune traverse leurs champs verts et bruns tout au long de la vallée. Une centaine d’exploitations sont touchées, c’est souvent spectaculaire, comme chez Dominique Rougeau, qui vous accueille clope au bec au milieu de ses 150 hectares à Verfeil. Du tournesol, essentiellement, mais aussi, depuis quelques années, 8 hectares de pivoines qui approvisionnent 120 fleuristes d’Occitanie et d’Aquitaine.
Dominique Rougeau est très fier de ses pivoines majestueuses, fruits de plusieurs années de recherche. « Mes fleurs tiennent douze jours dans un vase. Les pivoines de Hollande, c’est quatre jours et poubelle. » Il a vendu 126 000 tiges l’an dernier, en attendait 175 000 cette année, n’en a eu que 55 000. « Sur les 8 hectares, ils m’ont dézingué les 3 hectares les plus productifs. » Alors, pour la fête des mères cette année, les fleuristes de Toulouse ont dû importer davantage de fleurs de Hollande. Dominique Rougeau a reçu quatre années de marge brute de ses pivoines pour compenser. Trop peu, estime-t-il, les pieds qu’on lui a enlevés étaient partis pour donner des fleurs pendant « trente ans ».
Surtout, un champ coupé en deux, ça n’est pas juste de la production en moins, c’est aussi de la logistique et des coûts en plus. Exemple : avec une autoroute au milieu, ses deux gigantesques rampes d’irrigation ne pourront plus atteindre le bas du champ, il faudra s’adapter. Par ailleurs, l’agriculteur a demandé l’installation d’un pont au-dessus de l’autoroute, qui lui mange une bande de 1,3 kilomètre de long sur 60 mètres de large. Refusé : 4 kilomètres en voiture seront nécessaires pour se rendre de la partie sud à la partie nord de son champ.
Debout au milieu de ses pivoines, Dominique Rougeau observe son champ lacéré et secoue la tête. « C’est un spectacle de désolation, je n’arrive pas à m’y faire. » Au loin s’activent les bulldozers et les tractopelles du désenclavement. Englouties les pivoines. Englouti le terrain de foot. Engloutis Le Cri de la Fourchette, La Bombardière, la terrasse de Jean-Marc. Engloutis le panier de basket du fils de Jean-Noël et la brouette en plastique de celui d’Alexandra. Engloutis La Bordé du Pin et tous les petits paradis qui s’étaient bâtis dans la vallée. Ci-gisent les naufragés du bitume.
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Remedium, l'auteur de bandes dessinées "Cas d'ecole" a été convoqué par la police.
Pour diffamation.
Plainte déposée par une inspectrice d'académie du Cantal et son équipe.
Son dernier strip racontait le cas de Caroline, institutrice à Moussanges, visée par des tags homophobes, Remedium y soulignait le manque de soutien de la hiérarchie envers l'enseignante.
Voici des liens pour que cette BD ne disparaisse jamais d'internet :
https://sebsauvage.net/files/articles/Cas_decole_Lhistoire_de_Caroline.html
https://app.wallabag.it/share/67ffa48b3a4ac7.29554560
http://web.archive.org/web/20250212062623/
https://blogs.mediapart.fr/158568/blog/280125/cas-decole-lhistoire-de-caroline
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Les pages /quelquechose
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L’arrêt de la plus haute juridiction était attendu pour mettre le droit français en conformité avec le droit européen, qui prévaudra donc, pourvu que « l’arrêt maladie soit notifié par le salarié à son employeur ».
Décider que le train est gratuit et voir ensuite comment on le finance. Taxer les superprofits et ensuite se demander si Bernard Arnault est fâché. Interdire les SUV sans d’abord se dire que quand même c’est cool de rouler en ville dans une voiture de chasseurs. Ouvrir des cuisines collectives de produits frais et végétariens pour les écoles avant de se préoccuper du lobby de la viande. Interdire les pesticides dangereux pour les humains et les écosystèmes avant de craindre la concurrence commerciale à l’international. Mettre un toit sur la tête de toutes les familles à la rue avant de demander si elles paieront bien leurs factures. Rendre gratuites les consommations de base en eau et en énergie et ensuite se demander si c’est OK pour l’Ebidta de la boîte concernée. Bannir les mégapaquebots et ensuite s’inquiéter de l’oisiveté des retraité·es.
Best-of des interventions de Nicolas Framont dans l'émission "C ce soir" “Bloquons tout” : le pays à l’arrêt ? du 09/09/2025
Affaire « CumCum » : le Crédit agricole accepte de payer 88 millions d’euros pour s’éviter un procès
Pas cher payé de la part du Crédit Agricole qui a couvert et même facilité cette pratique d'évasion fiscale qui aurait coûté la bagatelle de 33 milliards d'€uro de recettes fiscales à la France en 20 ans...
(pour en savoir plus sur la pratique en question : https://www.franceinfo.fr/economie/impots/cumex-files-ce-que-l-on-sait-du-pillage-fiscal-a-140-milliards-deuros-revele-par-plusieurs-medias_4815903.html)
Le piège de la personnalité : l’IA simule la personnalité humaine pour tromper votre perception et créer une fausse impression de conscience ou de fiabilité mettant en danger les personnes vulnérables
Les experts rappellent une réalité qui se noie dans le battage médiatique autour de l'IA : les chatbots comme ChatGPT ou Grok donnent l’impression d’avoir une personnalité, mais il s’agit d’une illusion. Ils ne sont pas conscients, n’ont pas d’identité, et ne peuvent pas être tenus responsables de leurs propos. Chaque réponse est générée à partir de modèles statistiques qui relient des concepts entre eux, créant du texte plausible, mais pas nécessairement vrai. Cette illusion peut pousser des personnes vulnérables à accorder une confiance excessive à l’IA dans des contextes sensibles, ce qui s'observe déjà avec la montée en puissance des thérapeutes IA.
Parce qu'on aime pleinement et sincèrement les caméras de vidéo-répression, voici un post sur comment les protéger 💚🔥
Tentative de rassembler des ressources d'autodéfense populaire qui tournent ça et là.
Ce pad se veut participatif, pas uniquement à consommer.
La Commission européenne vient d’infliger à Google une amende de 2,95 milliards d’euros pour avoir enfreint les règles de la concurrence dans le domaine de la publicité. L’enquête avait été ouverte en 2021, mais les conclusions se faisaient attendre. Dans un contexte géopolitique très tendu, Google a maintenant 60 jours pour réagir.
3 milliards d'€. C'est énorme.
Mouais. Bof.
Google, c'est une valorisation boursière de 1 366 milliards de $ à cette heure.
Google, c'est 90 milliards de chiffre d'affaire au premier trimestre 2025.
Google, c'est 34,5 milliards $ de bénéfice au au premier trimestre 2025.
Cette énorme amende, c'est donc 8 jours de bénéf de Google.
Le problème des versions de snap
Entre autres problèmes, snap conserve l'historique des versions (mais ne permet pas de lancer plusieurs versions différentes contrairement à Appimage).
On va donc se retrouver avec plusieurs versions installées simultanément sur le système (qui vont prendre d'autant plus de place sur le disque dur).
Emily Bender et Alex Hanna publient The AI con, « L’escroquerie de l’IA ». Une synthèse très documentée qui nous invite à lutter contre le monde que nous proposent les géants de l’IA. Lecture.
Amnesty International publie un nouveau rapport intitulé Breaking up with Big Tech (« Rompre avec les géants de la technologie ») qui appelle les gouvernements à limiter le pouvoir des géants de la technologie afin de protéger les droits humains.
Les cinq grandes entreprises de la tech que sont Alphabet (Google), Meta, Microsoft, Amazon et Apple exercent une influence extraordinaire sur les infrastructures, les services et les normes qui façonnent notre vie en ligne. Ces entreprises dominent des secteurs clés de l’Internet, des moteurs de recherche et des médias sociaux aux boutiques d’applications et à l’informatique en nuage. Leur pouvoir largement incontrôlé dans divers secteurs du numérique fait peser de graves risques sur le droit à la vie privée, le droit à la non-discrimination, la liberté d’opinion et l’accès à l’information.
Le rapport explique comment ces grandes entreprises technologiques ont bâti leur pouvoir, comment elles le maintiennent et comment elles s’efforcent à présent de le consolider davantage encore dans les domaines émergents de l’intelligence artificielle.
Selon l'OFCE, la charge de la dette a rapporté de l'argent en 2024
Ainsi, selon cette logique, et en prenant des indicateurs réels – ceux de 2024 – et non des prévisions – les indicateurs de 2025 étant encore appelés à bouger – non seulement la charge de la dette n'a rien coûté à l'État en 2024, mais elle lui a même rapporté de l'argent. François Geerolf explique que le taux d'intérêt moyen réel de la France était inférieur à l'inflation qui se situait à 2% en 2024. "Oui, vous avez bien lu : la charge réelle de la dette publique est en fait négative. Autrement dit, l’État gagne de l’argent en empruntant", conclut-il. C'est ce que les économistes appellent la "taxe inflationniste".
Voilà, du coup, François, ton inculture économique est assez grave pour que personne n'ai plus jamais confiance en toi. Barre toi. Prends tes potes avec toi, au passage, va.